C’est l’histoire d’un monde dans le monde. Un monde où vivent des hommes, des femmes réels mais que personne ne voit ou plutôt ne veut voir. Ce terrain vague où sont réunis tous ces exclus, ils lui ont donné un nom : l’Olympe des Infortunes. Dans cette microsociété vivent tous les laissés-pour-compte qui ont rejeté la société comme celle-ci les a rejetés. Ils se sont créés leur petit monde bien à eux où ils affirment avoir la liberté qu’ils n’auraient pas dans la société.  Dans ce microcosme sont rassemblés tous les traits de caractère que l’on rencontre dans notre quotidien, du naïf, au poète en passant par le solitaire, le venimeux. Certains protègent, d’autres terrorisent. Marginal ou socialement intégré, l’homme est l’homme où qu’il soit, il reproduit les mêmes travers.  

Il n’y a pas d’intrigue dans ce petit roman mais néanmoins, on s’attache aux personnages. La naïveté de Junior, la présumée sagesse de Ach le borgne, la folie mégalomane du Pacha… sont autant de porte-paroles pour dénoncer la société bien-pensante, individualiste et égoïste qui feint de ne pas voir les marginaux préférant croire à une déchéance volontaire sans se poser la question des raisons profondes qui font que certains n’y arrivent plus. Elle ne veut pas savoir parce que ce serait trop dérangeant.

J’éprouve une tendresse pour ce livre, à la fois galerie de portraits et pamphlet de la société.