• Sur la côte, le coeur confesse. de Rouadha Al-Hadj

    Jour après jour augmente ma conviction

    que j'ai été créée pour toi

    J'ai vu de mes propres yeux ta bouche dire

    les poèmes avant moi

    et sans toi, Ô homme qui m'as envahie comme

    une fièvre côtière,

    je suis desséchée comme un pays détruit 

    et pâle comme le ruisseau à sec

    et je n'ai ni couleurs ni goût

    et mon odeur est comme le lit de l'étang que 

    la pluie n'a pas visité

     

    Jour après jour augmente ma conviction

    que tu es un homme venu de tout l'espace

    et que tu as colorié le visage de la vie qui m'appartient

    avec les couleurs de la vie

    et le goût de la vie

    et les formes de la vie

    Etranger qui es apparu  l'univers au soir d'un jour

    j'ai crié : " C'est toi, ma voisine ? "

    Tu n'as pas répondu

    mais je savais

    bénis soyons-nous, nous les étrangers

     

    Jour après jour augmente ma conviction

    que je suis comme une allumette

    qui ne flambe qu'une seule fois

    Alors, sois cette fois ! 

    et laisse-moi illuminer de nuit ton champ

    car tu es le seul à posséder le secret des allumettes

    qui flambent de longues années, pour une longue vie

    Toi seul, tu donnes à l'existence la belle couronne

    coloriée de la vie

    Toi seul, tu convaincs le coeur, ce badineur révolté

    et effronté en tout, d'en finir avec la mauvaise 

    habitude qu'il a contractée depuis longtemps 

    et qui revient à chaque nouvelle aube et s'appelle

    le départ

     

    Jour après jour augmente ma conviction 

    que j'endure ta présence, 

    j'y insiste, comme la plus grande prison

    que mon existence ait connue

    Je contrefais la vérité quand je te nomme mon ami

    et que je dis que tu es une partie de moi

    que tu es un petit symboles décorant mes cheveux

    Je pratique la jolie peur des femmes

    et je cache même aux amis ma situation

    Alors tu deviens une nouvelle et belle voix

    une fleur de jasmin qui parfume toutes mes lettres

    et ma pudeur

    et mes lettres me trahissent

    Ô toi, ma peur que mon parfum soit senti des gens

     

    Jour après jour augmente ma conviction

    et j'en consolide les fortifications

    Par où vais-je fuir de ma certitude

    qui se dresse autour de moi comme une barrière

    d'herbe, de jasmin et de chèvrefeuille ? 

    Jour après jour augmente ma conviction

    S'il vous plaît, pour l'amour de Dieu, 

    renforcez ma certitude. 

     

                Rouadha Al-Hadj 

                    poétesse soudanaise

                              traduite par Maram al-Masri 

                                                          (Anthologie des femmes poètes du monde arabe)

     

     

    Sur la côte, le coeur confesse. de Rouadha Al-Hadj

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 20 Juin 2020 à 23:06

    Cette douce violence des mots me ramène à bien des poètes persan, et aussi à Khalil Gibran.

    Merci et bonne nuit Brigitte.

    2
    Dimanche 21 Juin 2020 à 07:04

    C'est une poésie dont je n'ai pas l'habitude... mais les mots sont très "forts"...

    Très bon dimanche et gros bisous

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