• DreamKeeper

     

    Pour une fois, c’est un téléfilm américano-canadien de  Steve Barron, que j’ai envie de partager : DreamKeeper

    Un petit fils se voit obligé d’accompagner son grand-père à un pow wow. Le vieil homme est un conteur, celui qui transmet les légendes du passé, celui qui partage un savoir, le lien entre les générations, le lien entre les esprits et les humains. Le vieil indien sent que sa fin est proche, ce sera pour lui son dernier voyage et il veut le faire avec son petit fils. Le garçon est en colère, en colère après le père qui les a quittés sans rien dire, en colère après un peu tout. De plus il s’est mis dans une mauvaise passe et ce voyage va lui permettre d’échapper à des représailles.

    Sans le savoir, c’est une quête à la fois spirituelle, de recherche personnelle et de la tradition dans laquelle son grand-père l’entraîne. Ce voyage changera à tout jamais le garçon qui en sortira grandi mais aussi conscient de l’importance de garder les traditions, de cultiver ses racines.

    Et nous découvrons au cours du film parallèlement à l’histoire présente du grand-père et de son petit-fils, le récit de légendes traditionnelles issues de diverses nations indiennes (Cheyenne, Lakota, Pawnee, Kiowa…) , de la sagesse amérindienne, la force du symbolisme. Bien sûr les images vont paraître étranges à certains mais il y a une leçon à tirer de tout ça. A chacun de trouver laquelle. L’homme n’est rien, il n’est qu’une espèce parmi d’autres, mené par des forces qui le dépasse. Dommage qu’aujourd’hui il se croit supérieur à toutes les espèces et même supérieur à la terre-mère. Il lui en coûtera cher dans un jour prochain.

    Je rajoute à cela que les paysages traversés sont grandioses.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=OXtUOVoP3IM&feature=youtu.be

     

     

    DreamKeeper

     

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  • Les peuples de l’Omo

    La vallée de l’Omo

    Les peuples de l’Omo

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La vallée de l’Omo parait suspendue dans le temps. Se trouvant aux confins de l’Éthiopie, du Kenya et du Soudan au cœur de la dépression du Rift, difficilement accessible, elle a gardé son caractère sauvage qui en fait une région unique au monde. Elle doit son nom au fleuve Omo qui la traverse. Une quinzaine de tribus y vivent. A la fois chasseurs, pêcheurs, cueilleurs, ils sont principalement d'agriculteurs et d’éleveurs semi-nomades. Leur chance jusqu’à récemment ? Personne n’y a trouvé de richesse ou de ressource à exploiter, ce qui leur a évité jusqu’à peu  une confrontation brutale avec la civilisation. La seule richesse y est ethnologique, en effet il s’y trouve des gisements paléontologiques, témoins des époques pliocènes et pléistocènes en Afrique. La vallée est un sanctuaire du passé. Mais récemment un barrage hydroélectrique géant et l'accaparement de leurs terres associé aux plantations menacent les peuples de la vallée inférieure de l’Omo. (source : Survival France)

     

    Les peuples de l’Omo

     

    Les tribus et leurs sens de la beauté

    Hamer, Surma, Mursi, Bume, Turkana, Galeba, Bèrber, Bodi, Nyangatom, Kwegu (ou Muguji), Bodi (Me’en), Daasanach, les Kara (ou Karo) se partagent le territoire avec chacune ses coutumes propres, ses traditions, sa façon de vivre. La beauté extérieure est très importante pour ces hommes et femmes : visages peints, corps scarifiés, mutilations (plateau labial…),  parures de bijoux, coiffes extravagantes, embellissement personnel à l’aide de plumes ou de végétaux et ce n’est pas l’apanage des seules femmes.  De nature fière, ils sont à la recherche de l’admiration de l’autre. Le sens de l’esthétisme, la prestance, l’élégance de l’individu est une reconnaissance de son statut.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    Les rites initiatiques

    De l’enfance à l’âge mûr, l’existence des membres de chaque ethnie est ponctuée de rites initiatiques où ils doivent affronter diverses épreuves, variables selon les groupes ethniques. De la 1ère responsabilité du jeune pasteur au statut de redoutable guerrier, il y a plusieurs rituels qui donnent lieu à chaque fois de grandes fêtes. Les états de transe y sont recherchés, aidés en cela par des drogues ou de l’alcool (bière de sorgho, vin de miel). Malheureusement pour les indigènes l’alcool fort a été introduit chez eux ce qui amène des déviances, des violences gratuites et déstabilise la société tribale.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    Rituel du donga

    Le rituel du donga est un rituel particulier pratiqué principalement chez les surmas et les Mursi. Ce sont des combats rituels parfois violents qui sont à la fois un simulacre de guerre, un rite initiatique et une épreuve d’adresse. Bien sûr avant le début des joutes, il y a une mise en beauté et c’est le corps enduit de pigments et autres artifices qu’ils paradent. C’est aussi l’occasion aux prétendants amoureux de la même belle de se démarquer. Mais cela permet aussi de montrer aux femmes à quel point on est valeureux, beau, puissant et habile. Le Donga est le bâton avec lequel les adversaires vont se battre. Il faut de la force, de l’agilité et de la vitesse pour manier le donga. Bien qu’il ne s’agisse pas de lutte à mort, les accidents et les blessures sont nombreux. Et là encore la présence d’armes modernes a fait dégénérer ce rite ancestral. Il n’était pas rare que des esprits chagrins se vengent en tirant au hasard. Un grave accident de ce type il y a quelques années a décidé les anciens d’abréger le rituel.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    Rituel  de l’Ukuli

    Le rituel de l'Ukuli chez les Hamer est un rituel destiné aux jeunes hommes. Il est destiné à marquer le passage du jeune garçon au statut d’homme qui pourra se marier et avoir son propre troupeau. L’Ukuli est le jeune garçon. Celui-ci dépouillé de tous ses artifices, vêtu de son unique pagne et étant au jeûne doit subir une épreuve de saut de buffle afin de devenir un Donza. Les femmes se font fouetter volontairement pour donner du cœur aux jeunes ukulis. Les cicatrices laissées seront autant de marque qui les remplissent de fierté. L’ambiance est survoltée.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=Aagl4wQozi4   

     

     

    Le déroulement de la vie quotidienne

    Cela se déroule de la même manière au sein de toutes les tribus. Les hommes s’occupent de chasser, pêcher, sont en charge des troupeaux et font la guerre et sont donc très souvent absents des villages. Les femmes elles, s’occupent de toute l’intendance sur le camp : enfants, repas, réparation des cases… Quant aux anciens, ils palabrent à l’ombre des arbres et prennent les décisions importantes pour la tribu. Aujourd’hui encore, les uns et les autres continuent à allumer le feu en frottant deux bâtons l’un contre l’autre et en attisant les braises avec le souffle.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    La pastoralité

    Plusieurs clans parmi les peuples de la vallée de l’Omo sont des éleveurs, semi-nomades pour la plupart ; et particulièrement les Surma et les Mursi. Ils sont très attachés à leurs troupeaux (vaches-zébus et/ou chèvres) qui sont la fierté de toute la tribu. La pastoralité est le domaine des hommes. Les enfants suivent très tôt leurs pères pour mener les bêtes pâturés loin du village. Ils vivent en véritable symbiose avec les animaux.  C’est vers l’âge de 11-12 ans que les jeunes garçons ont leur 1ère responsabilité en s’occupant seuls des animaux. L’animal sert à la survie du clan par sa viande, son lait et son sang. En effet, les bergers prélèvent environ 2 l de sang au garrot à leurs vaches toutes les 3 semaines. Sang qui sera bu par l’ensemble de la tribu. Les animaux ne semblent pas souffrir de l’opération.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    La chasse

    Les peuples de l’Omo sont chasseurs. Depuis la nuit des temps, la chasse leur servait à nourrir la population. Hors depuis peu, la recherche de trophées, le trafic d’ivoire pour les touristes a changé la donne. Rajouté à cela l’arrivée des armes moderne. Sont organisés maintenant un véritable massacre des animaux mettant la faune en danger à court terme.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    Des peuples belliqueux

    La plupart des différents peuples de l’Omo sont de nature belliqueuse et cela donne lieu à des luttes et même à des guerres tribales. D’ailleurs les faits de guerre animent la plupart des conversations des hommes. Hélas les sagaies et autres armes traditionnelles sont remplacées par des kalachnikovs. Inutile de dire à quel point le rapport de force a changé.

     

    Les peuples de l’Omo

     

    Conclusion :

    Hélas, le tourisme progresse et bouleverse la vie de la vallée. Rien ne sera plus jamais pareil. Les populations forcent les traits de peintures et les décorations corporelles   pour attirer le touriste et se font payer leur prestation. Les trophées de chasse étant recherché, le braconnage s’intensifie. Et l’argent récolté va servir à acheter de l’alcool fort et des armes et munitions.

    Si le sujet vous intéresse, je vous invite à découvrir le merveilleux double album : Les peuples de l’Omo de Hans Silvester. Un récit et un témoignage photographique de toute beauté. Un travail absolument sublime où chaque image est un régal.

     

    Les peuples de l’Omo

     

     

    LES PEUPLES DE L'OMO - ETHIOPIE (VERSION COMPLETE 52') Muammer YILMAZ & Philippe FREY

     

    https://www.youtube.com/watch?v=oncVZgi3Tx0

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  • Tribu dont le territoire se situe en Chine et plus précisément à la frontière des provinces du Yunnan et du Sichuan autour du lac Lugu, sur les contreforts de l'Himalaya, les mosos sont une minorité ethnique ne comptant qu’à peine 30 à 60 000 personnes. 

    Sa tradition matriarcale, établit au sein de la communauté depuis près de 800 ans,  lui a permis de se voir décerner le titre de communauté-modèle par l‘UNESCO. Cette tradition veut que ce soit la femme qui gère la vie, soit responsable de l’économie domestique, du patrimoine de la tribu. Pas de mariage, une sexualité libre sans tabou, pas d’engagement entre l’homme et la femme, les amants vivent séparés mais les enfants restent auprès des mères. Les lendemains étant incertains, il est inconcevable pour les mosos de s’engager au long terme et prendre   le risque de la trahison, du désamour entraînant disputes et haine. Ainsi s’est créée une harmonie teintée de respect pour le partenaire.

     

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    Les mères sont les piliers de la société. Ce sont elles qui transmettent le nom, les biens, et bien sûr ce sont les filles qui héritent des noms et des biens.  C’est ce qu’on appelle matrilinéarité.

    La vie sociale s’organise autour de la mère, c’est la matrilocalité.

     

    Berceuse mosso

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=24&v=By58Xylt5nU

     

     

    L’homme est surnommé l’homme-arrosoir : Ils pensent que le sperme ne contribue en rien à la fabrication de l’enfant. Ils disent que « si la pluie ne tombe pas du ciel, l’herbe ne peut pas pousser », et ils expliquent que, dans l’accouplement, le but de la femme est d’avoir du plaisir et/ou des enfants et celui de l’homme est à la fois de s’amuser et de faire acte de bienfaisance vis-à-vis de la femme (et de sa lignée) en l’arrosant.

    Les géniteurs n’ont pas de rôle de père à jouer, ils ne se sentent aucune responsabilité, aucun devoir envers la femme et envers les enfants nés de sa relation. Ce rôle échoie à un oncle maternel, le frère de la mère. C’est lui qui assure l’éducation des enfants, c’est avonculat.

     

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    Il y a une véritable solidarité entre les générations. Toutes les sœurs de la même génération sont mères conjointement. Les frères des mères élèvent les enfants de leurs sœurs.  Les hommes restent avec leurs mères ou s’installent dans une maison commune avec les hommes âgés. Les jeunes s’occupent des anciens.

    Les hommes, eux, ont la responsabilité des affaires extérieures

    Surnommé par les ethnologues « le peuple fossile » c’est grâce à une configuration géographique rendant l’accès au territoire des mosos difficiles jusque vers les années 1950, le peuple a pu conserver intact son mode de vie, ses traditions. Et malgré les fortes pressions exercées par les gouvernements successifs trouvant impensable que des femmes puissent être  maîtresses de leur destin et de leur peuple, elles ont su garder profondément enracinés, leur façon de vivre.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=aIDGpZ3PVWM

     

    Pour en savoir plus :  http://matricien.org/geo-hist-matriarcat/asie/moso/

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    L’Iboga est une plante sacrée pour les gabonais. Plus qu’un simple hallucinogène, cette plante permet aux initiés au cours des cérémonies animistes, de voyager au pays des ancêtres. Elle est considérée comme l’esprit de la forêt. Elle sert à deux formes d’initiation : la religieuse et la thérapeutique. Nous entamons un voyage sur les traces de l’Iboga et de ses rituels. 

    Mais l’intérêt de notre civilisation pour l’Iboga n’est pas anodin. Il y a déjà quelques décennies, on a découvert les propriétés anti-addictives de la plante. En effet elle aide fortement lors des sevrages aux opiacées.

    « Deborah Mash explique que l'ibogaïne est "une molécule psychoactive, mais pas un hallucinogène comme le LSD. Elle met en état de rêve éveillé pendant trente-six heures et, durant cet état de conscience altérée, le patient revit des expériences de son enfance et découvre les racines de son addiction". "C'est comme faire dix ans de psychanalyse en trois jours", déclarait souvent Howard Lotsof (l'homme ayant découvert les propriétés de l'iboga). » Source : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/11/29/une-racine-aux-pouvoirs-hallucinants_1798071_1650684.html#kFiITcQmwUzGVtRc.99

    Ce qui n’est pas dans l’intérêt des industries pharmaceutiques qui ne vendraient plus d’antidépresseurs, de méthadone… Alors le plus simple est de classer l’Iboga dans les stupéfiants.

    Cette plante est utilisée depuis plus de 5000 ans par les pygmées d’abord pour ses vertus médicinales. Néanmoins la consommation d’Iboga n’est pas sans danger, plusieurs décès ont été à déplorer parmi les utilisateurs. Son utilisation doit être très encadrée. Et surtout fuyez tous ces stages de « mieux être » ou de développement personnel proposant l’utilisation de la plante. Il s’agit ni plus, ni moins d’une mise en danger d’autrui. Au Gabon, nous le voyons dans le reportage, les personnes pratiquant l’initiation sont très entourées et jamais seules. L’Iboga est un grand espoir pour tous les toxicomanes souhaitant être libérés de la drogue.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=Vu8vMkwSpfg


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  • Canyon de Chelly pays Navajo de Edward Sheriff Curtis

     

     

    "Ils nous faisaient beaucoup de promesses, plus que je ne peux me rappeler, mais ils n’en ont jamais tenu qu’une seule ; ils ont promis de prendre nos terres, et ils les ont prises."

    Red Cloud "Nuage Rouge" des Oglala.

    "Les morts des blancs oublient le pays de leur naissance quand ils s’en vont pour cheminer sous les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre merveilleuse, car elle est la mère des Indiens. Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous. Les fleurs odorantes sont nos soeurs, les chevreuils, le cheval, le grand aigle sont nos frères."

    Seattle (chef des Dwamish).

    Ces peuples vivent sur le territoire américain depuis plus de 30 000 ans bien avant l’arrivée des vikings (l’Islandais Leif Erikson serait le 1er découvreur du continent vers l’an 1000) puis de Christophe Colomb.

    D’où venaient-ils ? Qui étaient-ils ? Combien ?  Voilà des questions auxquelles je vais essayer de trouver une réponse.

    Avant 1492

    Il est difficile d’avoir des certitudes quant au moment de l’arrivée des amérindiens sur le territoire. Une chose est certaine, les différents peuples y sont installés depuis plusieurs millénaires.

    Si les traces des occupants d’Amérique du Nord sont difficiles à trouver hormis les témoignages oraux, les traditions, les rituels ; nous avons de nombreux témoignages sur les Aztèques, les Mayas. Mais les méthodes d’investigations des archéologues évoluent et se perfectionnent, la page du passé est donc loin d’être fermée et nous continuons à en apprendre davantage sur ces peuples antiques.

     

    Photo de Edward Sheriff Curtis

     

                  Les origines des peuples

    L'hypothèse la plus connue veut que  des peuples originaires d’Asie, suivant du gibier, aient traversé à pied le détroit de Béring entre la Sibérie et l'Alaska, recouvert de glace, il y a entre 12 000 et 14 000 ans. Ce serait donc d’après l’hypothèse de ce flux et de deux autres postérieurs que viendraient tous les habitants de l’Amérique.

    Mais les dernières découvertes ébranlent fortement cette hypothèse. En effet les dernières datations montrent que le site de Monte Verde au Chili aurait 12500 ans. Ce qui équivaudrait à dire que les arrivants du détroit de Béring auraient galopés directement vers la pointe chilienne en quelques générations à peine. C’est très peu crédible Il y a donc un flux migratoire venant  d’une date plus ancienne.  Or il faut remonter jusqu’à 25 000 ans pour trouver les mêmes conditions permettant un passage à pieds par le détroit de Béring. Mais dans la tradition orale des indiens, il se dit que si le peuple asiatique ressemble tant au peuple indien c’est parce celui-ci a colonisé l’Asie et non l’inverse…

    De récentes découvertes laissent penser que l’arrivée des autochtones sur le continent est bien plus ancienne que ça et viendrait de la voie maritime d’îles au large. La découverte de vestiges de bateaux semble l’attester. On suppute les hommes d'avoir construit des bateaux dès -50000 ans.  Peut-être que la tradition orale sur le peuplement de l’Asie a un fond de réalité ?  Tout ceci pour dire que les peuples indigènes du continent américains vivent sur ce territoire depuis des temps immémoriaux et qu’ils sont les seuls, historiquement, à pouvoir revendiquer la primauté sur le continent, le droit de s’appeler les 1ers américains.

                   La population

    L’Amérique était bien plus peuplée que l’on ne le pensait. Les estimations sont surprenantes. En Amérique du Nord, on estime qu’à l’arrivée de Christophe Colomb, vivaient de 12 à 18 millions d’individus. En Amérique Centrale aurait atteint une population de 20 millions d’habitants. Quant à l’Amérique du Sud et les Antilles auraient eu quelques millions de personnes aussi sur leur territoire. C’est donc près de 50 millions de personnes qui vivaient sur le continent américain. C’est donc bien loin de la légende qui nous dit que les Amériques étaient une vaste étendue sauvage et déserte peuplée que de quelques autochtones nomades sans véritables communautés.  Idées préconçues ou imposées mais ayant servies de prétexte pour spolier les indiens de leurs terres et pour les déplacer au gré du bon vouloir des envahisseurs. Non l’Amérique n’a jamais été un continent vide.

                   Mode de vie des 1ers américains.

    Les 1ers témoignages archéologiques sont de longues lances avec des pointes cannelées en pierre taillée, appelées des « clovis » avec lesquelles nos indigènes chassaient le mammouth. Nous avons très peu d’autres informations sur les sociétés de l’époque si ce n’est que nos individus suivaient le gibier et organisaient des campements formés de quelques dizaines de personnes.  Qu’ils installaient aussi leur campement près de carrières de silex chaque fois qu’il leur fallait renouveler leurs outils, leurs lances.

    Peu à peu des cultures régionales se développèrent en fonction du climat, des différentes ressources disponibles.

    Ce n’est qu’il y a environ 10 000 ans que l’Amérique du Nord commence à se réchauffer et que la faune et la flore s’y diversifie.  Les ressources locales devenant plus importantes,  les différents peuples développèrent de plus en plus de spécificités régionales, donnant lieu à de grandes diversités culturelles. Certains profitaient des ressources marines pour se sédentariser et installer des villages avec des maisons en bois, des canoés, se hiérarchisant et fondant une véritable société. Mais d’autres choisissent de profiter des richesses des terres, ou des forêts.  C’est le régime alimentaire qui est le moteur de l’apparition des tribus créant des communautés de chasseurs, de pêcheurs, de cueilleurs, de cultivateurs.

     

    hupa dans la brume de Edward Sheriff Curtis

     

    Ainsi naquirent :

    En zone arctique, les aleuts, les inuits

    En zone boréale (zone forestière qui s' étend à la limite de l' arctique, de l' intérieur nord du Canada et de l'Alaska.) : les Cree, Montagnais, Nascapi, Attikamek, Ingalik, Chilcotin

    Sur la côte du Pacifique (du nord-ouest) ( région comprend l'Alaska, la Colombie Britannique, les état de Washington et l'Orégon) : Haida, Kwakiutl, Squamish, Nanaimo, Nooksack, Bella Coola, etc.

    En région forestières du nord-est (de la côte nord-atlantique, la région des Grands Lacs et le sud du Canada adjacent aux Etats-Unis.) : les Hurons, Iroquois, Mohawk, etc.

    En régions forestières du sud-est (Toute la côte atlantique jusqu'à la Floride.) : les Chickasaw, Choctaw, Seminoles, Cherokee, etc.

    Dans  grandes plaines centrales (toute la vallée du Misissippi et les contreforts des Montagnes Rocheuses.) : Blackfeet, Cheyennes, Sioux, Pawnee, Comanches, Crows, etc.

    Sur les plateaux (régions montagneuses du nord-ouest des USA jusqu'au sud de la Colombie Britannique au Canada.) : Nez Perces, Yakima, Cayuse, Wenatchee, etc.

    Dans le grand bassin (une grande partie du Nevada et de l'Utah) : Shoshone, Ute, Paiute. etc.

    Dans la région californienne (La plus grande partie de la Californie) : Yurok, Salina, Kawaiisu, etc.

    Dans le sud-ouest (Zone englobant les états du Nouveau Mexique, de l'Arizona et partiellement le Mexique et le Texas) : Mohave, Apache, Kiowa, Navajo, Hopi, Taos, Yuma, etc.

     

    Source : http://www.artisanatindien.com/nation.html

    En Amérique du Sud :

    Les Quechuas, dépositaires de la civilisation inca, sur la partie occidentale de l'Amérique du Sud, entre l'Océan Pacifique et la Cordillère des Andes

    Les Aymara est présente principalement sur le haut plateau bolivien

    Les Mapuche ou Araucans littéralement "Peuple de la Terre" en mapudungun, de la zone centre-sud du Chili et de l'Argentine

    Les peuples d’Amazonie, Patagons et fuégiens

     

    Après 1492

                   Les 1ers colons

    A partir de l’arrivée de Christophe Colomb au Caraïbes en 1492 puis de ses trois voyages suivants, des explorateurs puis des colons espagnols, portugais fondèrent des colonies. Pour leur survie, ils dépendirent des indigènes qui les avaient accueillis pour la plupart avec bienveillance. Mais au départ, les explorateurs espagnols, qui avaient un sens très élevé de leur religiosité, se sentaient investis d’une mission laissant peu de place à la tolérance. Mais surtout la seule autorité internationale reconnue et respectée par tous les pays était l’Eglise catholique. Pour justifier une possession illégale du territoire américain, l’Espagne a fait appel à elle afin d’avoir une légalité officielle.  La religion a été utilisée comme une arme idéologique permettant ainsi de nier une humanité aux indiens. Non-civilisés parce que non-chrétiens, irrationnels, violents, cette vision primitive, injustifiée et fausse des peuples autochtones se répandit dans toute l’Europe. C’est sur cette base que les colonisateurs (espagnols, portugais, anglais, hollandais, français, suédois, finlandais, allemands, écossais, irlandais et russes) ont justifié la spoliation de leurs terre aux indiens, puis leur mise en esclavage. Une situation qui a perduré jusqu’à très récemment encore voire qui reste d’actualité. 

    Le travail forcé, les mauvais traitements, la brutalité et autres abus en plus de la spoliation de leur terre est devenu pendant des siècles le quotidien de ces hommes et femmes. De plus l’arrivée des migrants a apporté avec elle des bactéries et virus qui ont décimé les populations indiennes.

                   L’arrivée des Français

    En 1534, venant de St Malo, le Français Jacques Cartier aborde Terre-Neuve. Il explore le golfe du St Laurent, entre en contact avec les indiens Micmac. Une confiance mutuelle s’installe entre les deux peuples. Puis quelques semaines plus tard, c’est avec les iroquois du St Laurent que se tissent de nouveaux liens. Ce qui prouve bien la nature coopérante de prime abord des amérindiens.

    Lorsque Samuel de Champlain atteignit à son tour le St Laurent quelques 70 ans plus tard, les villages  autochtones étaient peu peuplés : la maladie et les conflits entre tribus ayant décimés la population. Avec des commerçants, il fonda la ville de Québec. Très rapidement ils établirent des relations d’échange avec les Hurons, les Algonquins et les Montagnais qui firent le lien avec les autres tribus pour pratiquer un commerce basé sur les échanges. Ces rapports commerciaux privilégiés avec certaines tributs au détriment d’autres fut à l’origine de conflits. Ce sont les Français qui armèrent les premiers les indiens. En effet ils fournirent des mousquets à leurs alliés hurons et algonquins contre les mohawks. Très rapidement ceux-ci se fournirent en fusils aussi et bientôt tout le continent nord-américain se trouve engagé dans des conflits fratricides mortelles et de plus en plus fréquentes.  La présence française sur le continent s’établit jusqu’au sud sur la côte du golfe du Mexique : la Louisiane.  Les Français respectaient les règles de la diplomatie indienne ce qui facilitait les échanges et le commerce. Peu à peu les missionnaires catholiques réussirent à convertir même partiellement de plus en plus d’indiens. Mais ils eurent à affronter les nations iroquoises qui étaient en guerre contre les Hurons et les Algonquins . Ils voulaient ainsi éliminer leurs concurrents dans le commerce des peaux de castors, de fusils et autres produits français.  Bientôt ces mêmes iroquois apportèrent leur soutien aux anglais dans les conflits franco-anglais. Bref avec l’arrivée des colons, la fourniture de fusil, s’est instauré un rapport de force déséquilibré sur ce continent.

    D’autant que les anglais voulaient accroitre les territoires occupés et leur puissance.  Ils visaient à s’approprier les richesses du continent tel l’or.  S’alliant à certaines tribus, les tensions prirent de l’ampleur. De multiples guerres furent menés contre les colons par les indiens. Mais l’invasion anglaise continuait de plus belle. Les indiens ne cessèrent de lutter contre ces colonies qui s’étendaient de plus en plus. L’animosité grandit au fur et à mesure des spoliations. Certains indiens prirent le parti de soutenir les colons et finir par tenter de leur ressembler en adoptant costume et coutume perdant leur propre identité et s’attirant le mépris des autres tribus.

                   Commerce

    Ce fut une époque sanglante. Anglais, espagnols, français se battaient pour la suprématie du pouvoir, les tribus elles aussi s’entretuaient. Les amis d’hier devenaient les ennemis d’aujourd’hui. Et sur fond de tout ça le commerce faisait les choux gras pour certains. Commerce de peaux bien sûr et le castor en fit les frais , devenant de plus en plus rares et il en fut de même pour les cerfs. Pour les indiens, castors et cerfs étaient la base de la nourriture carné mais ils représentaient plus que cela encore : la fourrure pour se vêtir, la carcasse pour la fabrication d’outils ou d’objets rituels. Ce carnage mis en danger l’équilibre naturel du continent comme il le fit deux siècles plus tard avec celui des bisons.

    Mais le pire qu’il y eut, c’était l’arrivée de l’alcool. Celui-ci perturba sévèrement les communautés. De plus en plus d’indiens tombaient dans une déchéance totale, se battant entre eux, devenant de plus en plus ingérables dans leur ivresse. L’échange des fourrures contre de l’alcool devient une pratique de plus en plus courante.

     

    mémoire de Cheyenne-Indian-Chief

                   L’Amérique : un continent en guerre

    Dès le XVIIIème siècle les conflits entre Indiens et Européens devinrent de plus en plus fréquents et violents. L’établissement de nouvelles colonies puis le développement du commerce inhérent amena un état de guerre récurrent. Les armées professionnelles des Européens contre les guerriers indiens, qui étaient aussi des soutiens de famille devant subvenir aux besoins de leur famille, rendaient les batailles inégales. De plus les Européens attisaient les haines entre autochtones en prétextant que puisqu’ils étaient alliés, ils se devaient de se battre contre les autres au nom de l’alliance. Bref les indiens se battaient sur tous les fronts et ne pouvaient qu’en pâtir. Cet état belliqueux constant amena de profonds changements dans la mentalité, la culture et les sociétés indiennes. Les récoltes brûlées, les hommes morts trop nombreux, a rendu les indiens survivants dépendants des Européens pour leur survie mais en même temps, les femmes se virent obligées de s’allier à des étrangers d’autres tribus. Les jeunes hommes n’ont plus qu’une idée : devenir des guerriers pour venger les leurs. Les traités sont signés pour mieux être violés, d’autant mieux que les Indiens ne savaient pas lire et n’avaient aucun moyen de vérifier les écrits. Les tensions entre Indiens et Européens se firent de plus en plus fortes. Au cours de ce XVIIIème siècle, les massacres répétés repoussent les indiens de plus en plus vers l’Ouest. Bien qu’un traité finit par être signé garantissant qu’aucune colonisation se fera à l’ouest, le Congrès américain adopte une ordonnance déclarant propriété fédérale les territoires à l'ouest du Mississippi; cette ordonnance est destinée à favoriser l'établissement de nouveaux colons dans les territoires du Nord-Ouest ainsi que la constitution de ceux-ci en Etats. Ainsi peu à peu, les Etats demandent l’intégration des territoires indiens.

     

     

                   Conclusion

    En l’espace de  5 siècles, les habitants originels ont perdu tous droits sur leur terre. Ils ont été volés, massacrés, déplacés, parqués comme des animaux dans des réserves.  On leur a interdit de célébrer leurs rituels, on a voulu les assimiler de force. Aujourd’hui encore les descendants de ces braves vivent dans des conditions déplorables. Les mauvais traitements qui leur ont été infligés, a amener un taux accru de suicides, du chômage, de l’alcoolisme.

    Mais des voix se sont levés pour dénoncer cette injustice, pour sensibiliser l’opinion américaine aux problèmes vécus par les Indiens. Trop longtemps considérés et traités comme des sous-américains, ils ont décidé de retrouver leur fierté, leur honneur et de réclamer justice. Ils doivent se battre pour la survie de leurs cultures, de leurs traditions, leur identité.

    Ce qu’ils ont vécu, est purement et simplement un génocide. Un génocide qui n’en finit pas.  Dans nos fantasmes, tous nous vénérons la sagesse amérindienne, tous nous respectons leur conception de la relation avec la terre-mère et ce qui y vit. Mais avons-nous conscience de ce que les colons européens ont fait de ce peuple.

    Pour en savoir plus sur l’histoire du peuple indien, je vous conseille cet ouvrage très complet et passionnant : « La grande histoire des Indiens d’Amérique – Chronologie complète des  peuples indigènes d’Amérique du Nord » de Greg O’Brien.

     

     «La deuxième paix est celle qui se crée entre deux individus, la troisième et celle qui soude deux nations. Mais au-dessus de tout cela il vous faut comprendre que la paix ne sera pas possible entre les nations tant qu’on ne sera pas convaincu que la véritable paix – comme je l’ai souvent dit – se trouve au cœur même de l’âme humaine

    Black Elk (Chef Sioux)

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