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    André Journo  -  Le sceptre de Dieu.

     

     

     

     

     

     

     

    Le grand Rabbin de New York est assassiné pour avoir refusé de dire à son agresseur un fabuleux secret qui pourrait détruire le monde. Il s’agit du bâton sacré de Moise appelé le sceptre de Dieu. Une arme terrifiante qui avait détruit Sodome et Gomorrhe,   ouvert la mer Rouge et déclenché les dix plaies d’Egypte.  Mais par message codé, il donne mission à sa petite fille Tamara de le retrouver dans une cachette secrète afin de le mettre hors d’atteinte de certains fous de Dieu qui souhaiteraient s’en servir pour détruire tous ceux qu’ils considèrent comme des impies.  Extrémistes musulmans, protestants, les services secrets américains rêvent de s’approprier le sceptre sacré. Les choses se compliquent encore lorsqu’un groupe de catholiques tente d’assassiner Tamara pour que le secret reste tu à jamais. C’est un véritable jeu de piste l’emmenant d’Espagne en Jordanie puis à Israël que doit affronter la jeune femme tout en tentant de déjouer avec l’aide d’un agent de la CIA, chargé de l’enquête sur le meurtre du grand père et qui s’improvise ange-gardien, tous les complots  de ses adversaires. Selon la légende, ne pourront toucher l’objet qu’un juste et l’Elu. Chaque groupuscule est persuadé d’avoir l’Elu en son sein ce qui les autorise selon eux à tous les extrêmes. Le combat est rude, le suspens à son comble.

    Un thriller avec des rebondissements jusqu’à la fin qui se lit à toute vitesse. J’ai beaucoup aimé.

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    Michel Fize   Faites l’humour, pas la gueule. La fonction sociale du rire.En fonction des siècles, de la condition sociale, des pays, le statut du rire évolue différemment. Les philosophes ne sont pas rieurs, c’est le moins qu’on puisse dire. Platon, Aristote… trouvaient le rire inconvenant, obscène, vulgaire.

    Néanmoins le rire n’a cessé de les interpeler et ils s’y sont beaucoup intéressés. Cicéron, Descartes, Hobbes, Schopenhauer, Spinoza, et tant d’autres tous y ont été de leur théorie, suivie par les psychologies, les sociologues… Bref chacun y va de son petit couplet. Le rire est l’une des expressions les plus profondes de notre être et il commence alors que nous n’avons que quelques semaines. Le rire n’est pas synonyme de joie il exprime des sentiments aussi divers que le triomphe, la gêne, l’affectation et paradoxalement même la tristesse.  Il revêt diverses formes : rire social,   rire de convenance,   rire personnel,   rire ordinaire. On ne rit pas des mêmes choses. Il change de sens selon les cultures.

    Vous trouverez dans cet essai les réponses aux questions : qui rit ? Pourquoi et de quoi rions-nous ? Comment se déclenche un rire ? Que nous apporte le rire et surtout peut-on rire de tout ?

    Peut-on rire de tout avec tout le monde ? Voici une question que les uns et les autres ne cessons de nous poser. Il n’est pas pareil de rire d’une blague douteuse avec un homophobe, un antisémite ou un raciste qu’avec la même blague dite par un juif, un homosexuel ou une personne étrangère. Et je fais le même parallèle lorsqu’il s’agit de la maladie ou du handicap. Entre la méchanceté, la raillerie, la  moquerie et l’autodérision, il y a un monde et la différence est là.  Humour et humanisme partage le même préfixe. En acceptant la possibilité de rire de tout et de tous on nie la responsabilité personnelle, l’autocensure. La question suivante que pose l’auteur est d’autant plus intéressante qu’elle ouvre une autre piste : à qui profite le rire ?  En effet qui ressent le besoin de faire du mal en s’octroyant le droit de rire de tout au détriment surtout des autres ? En effet que penser de celui qui est prêt à tout pour dévaloriser l’autre sinon qu’il cherche par ce biais un moyen de se valoriser lui-même ou de cacher ses propres défauts ou son incompétence.

    Si la liberté d’expression est un droit fondamental, a-t-on moralement le droit de nuire au nom de cette même liberté ? Et que dire du droit non moins fondamental de ne pas être agressé ?  « (…) les autres limites sont celles de la morale et de la décence, de l’intelligence et du bon sens. La liberté d’expression s’arrête là où commence l’irrespect de la dignité d’autrui et de ses croyances. »

    « (…) L’humoriste humaniste ne cherche pas à blesser, il aimerait seulement que l’on refasse un peu le monde, si laid quelquefois. Le véritable humour est fait de dérision et d’impertinence, il n’est ni cruel ni méchant. « Le talent n’excuse pas tout » selon André Comte-Sponville »

    Très intéressant, ce livre est écrit simplement le rendant clair à chacun et largement illustré de bons mots. Alors si le mécanisme du rire vous fascine, vous intrigue, c’est ce livre qu’il vous faut lire. 

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    Joseph Cressot   Le pain au lièvreUn merveilleux roman nous faisant découvrir la vie de nos grands-parents au début du siècle dernier. Les métiers aujourd’hui disparus, les traditions, les fêtes, la vigne,  les cultures, les jeux d’enfants…. Ce qui est extraordinaire, c’est que l’auteur sait nous transmettre ses impressions d’adulte à travers les yeux de l’enfant qu’il était.

    Ce sont ses propres souvenirs d’une vie rurale qu’il nous partage. Chaque chapitre du livre aborde un thème différent et ainsi on partage tout : les joies et les peines, les espoirs et les désespoirs, dans cette vie où le pain était sacré et le pain dur sorti de la besace du père dit le pain au lièvre tout autant. C’est un brin de l’histoire de la vie dans nos campagnes que nous partageons-là, bien plus vivant que tous les musées avec un brin de nostalgie. Nous apprenons que malgré la difficulté, il y avait à cette époque une vraie qualité de vie bien éloignée de notre monde empreint d’indifférence. Un livre à lire, à déguster même.

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    Un classique de la littérature américaine réédité en 2014, qui revêt pour moi une grande importance sentimentale. Il m’avait été offert par une merveilleuse jeune femme qui nous a quittés depuis.

    C’est l’histoire d’une petite américaine de 9 ans d’origine irlandaise, Francie Nolan qui vit à Brooklyn entre les années 1912 et 1920. Cela se passe dans le quartier le plus misérable de Brooklyn là où  échouent tous les immigrants désargentés,  sans espoir.  Une vie pauvre avec un père, Johnny, serveur-chanteur instable, irresponsable et  alcoolique mais néanmoins proche et aimant ses enfants, une mère, Katie un peu distante qui préfère le fils à sa fille et qui tente de faire vivre la famille en faisant des ménages. Elle est restée malgré tout très attachée à son époux et c’est elle qui insuffle à la famille une force, un optimisme et un brin de poésie. Francie et son jeune frère Neeley arpentent les rues pour ramasser chiffons, bouteilles, ferrailles et ainsi améliorer l’ordinaire en les vendant. Et malgré les difficultés, malgré la misère, il y a au sein de la famille Nolan une grande tendresse, beaucoup d’humour et une philosophie de la vie leur permettant d’accepter les aléas de la vie sans s’en plaindre.

    Mais Kate rêve comme tous les parents, d’une vie meilleure pour ses enfants. Et pour cela il faut de l’instruction. C’est avec intransigeance et rigueur qu’elle impose la lecture quotidienne. Et Francie trouve dans les livres l’évasion dont elle a besoin pour respirer mais surtout la lecture lui ouvre de nouveaux horizons. Vive et intelligente, elle va se donner les moyens de sortir de sa condition avec ferveur et même une certaine rage.

    C’est une perle que ce roman qui nous relate la vie des familles dites indigentes en ce  début du  XXème siècle.  A aucun moment vous n’y trouverez de misérabilisme mais une grande tendresse, une humanité. C’est l’histoire du rêve américain d’une partie de la société que l’on pourrait appeler les laissés-pour-compte. Je l’ai vraiment trouvé bouleversant et authentique.

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  • 312573yudan.jpg  Yu Dan est diplômée de littérature chinoise et professeure à l’université de Pékin ainsi que doyen adjointe de la Faculté des arts et médias et Chef du Département de Film & Television Media. Elle nous offre une découverte, une redécouverte pour certains, des grands penseurs chinois. Les relectures qu’elle nous propose sont  adaptées à la réalité de notre temps.

    Après Confucius, elle poursuit avec l'un des pères fondateurs du taoïsme, Tchouang-tseu dont elle dissèque la réflexion et l’adapte à nos jours.

    Tchouang-tseu est un penseur chinois du IVe siècle av. J.-C auteur probable d’un texte essentiel taoïste éponyme : le Tchouang-tseu également appelé le  Zhuangzi. Toute son œuvre est pilier du taoïsme et la richesse de son enseignement en fait une philosophie de vie incontournable pour approcher le Tao.

    « Tchouang-Tseu le dit lui-même : son ouvrage est empli « de discours insolites, de paroles extravagantes, d’expressions sans queue ni tête ». Et de poursuivre :« Le monde est trop bourbeux pour être exprimé dans des propos sérieux. » »Voilà une entrée en matière dans le livre, une désinvolture face au monde qui me parle d’emblée.

    On sait peu de chose sur l’homme sinon ce qui est écrit dans son livre. Bien que les honneurs lui eussent été proposés, il  n’en eut cure.

    -      Chacun sait qu’à l’époque des Royaumes combattants, celui de Chu était parmi les plus puissants. Un jour que, libre de toute contrainte, Tchouang-tseu pêchait à la ligne au bord de la rivière Pu, il fut abordé par deux hauts dignitaires dépêchés auprès de lui par le roi de Chu. Ils s’adressèrent à lui avec la plus grande déférence : « Notre prince souhaiterait vous confier la charge de son territoire. » Usant d’un ton très respectueux, ils lui avaient donc demandé de quitter ses montagnes et d’accepter la charge de ministre du royaume de Chu.

    Sans lâcher sa canne à pêche ni même relever la tête, Tchouang-tseu répondit : « J’ai entendu dire qu’au royaume de Chu se trouve une tortue sacrée morte depuis trois mille ans. Le roi de Chu la conserverait enveloppée dans un linge, à l’intérieur d’une boîte placée dans le haut du temple de ses ancêtres. Je vous le demande : cette tortue était-elle d’accord pour qu’après sa mort sa carapace devînt l’objet d’une telle vénération ? Ou aurait-elle préféré vivre en traînant sa queue dans la boue ?

    Bien sûr qu’elle aurait préféré vivre en trainant sa queue dans la boue » répondirent les deux hauts dignitaires.

    Et Tchouang-tseu de conclure : « Nous voilà donc d’accord ; alors, faites comme bon vous semble mais laissez-moi vivre en trainant ma queue dans la boue ! ».

    Voilà donc comment Tchouang-tseu avait accueilli (…les) honneurs… Trop souvent ce sont les honneurs et les richesses qui guident nos pas et nous piègent dans le cercle vicieux d’une vie plongée dans une agitation stérile.

    (…) C’est pour les honneurs et les richesses que nous nous enthousiasmons et nous nous déchirons, que nous nous agitons en tous sens ; mais, agissant ainsi, nous ne faisons jamais rien d’autre qu’entraver notre cœur. Il nous suffirait pourtant de passer outre à ces limites pour atteindre une liberté de mouvement certaine, affranchie de toute contrainte.

    Pour notre penseur le bonheur réside dans l’instant présent. « (…) L’homme vit dans l’instant présent et s’il sait rester détaché des honneurs, passer outre aux richesses et ne pas craindre la mort, son âme profitera toujours d’un espace et d’un horizon ô combien immenses !  »

    Si le confucianisme se préoccupe des devoirs et responsabilités des hommes envers la société en vue d’accomplir d’une grande œuvre, le taoïsme se place au niveau de l’individu et le pousse à se dépasser, à se transcender afin de tendre vers une liberté affranchie de toute contrainte et redéfinir son existence humaine en contemplant l’Univers.

    L’horizon d’une personne détermine sa façon de penser. A réduire sa vision sur la valeur  intrinsèque des choses, on ne discerne plus la véritable valeur des choses. La pensée conventionnelle enchaîne notre esprit. Il faut ouvrir son regard et voir en grand pour discerner la véritable valeur de ce qui nous entoure.

    Chaque personne a des valeurs personnelles et forcément différentes qui lui feront voir le monde d’une façon différente d’une autre personne. Il  ne faut donc pas porter un jugement sur le monde en fonction de nos valeurs personnelles qui deviendront forcément un parti pris. En repoussant nos préoccupations, en nous défaisant des contraintes que nous nous imposons, en nous ouvrant à l’empathie et à la compassion, nous nous ouvrons à l’incommensurabilité du monde. C’est ainsi que nous repousserons nos propres frontières pour créer un horizon en totale harmonie avec le monde. C’est la loi du Tao.

    Tchouang-tseu : « La loi du Tao, c’est la nature, et le Tao est partout »

    «(..) Prétendre que la loi du Tao   c’est la nature revient à dire que toute la nature est imprégnée du Tao, vérité première. Le Ciel et la Terre sont partout, et le Tao l’est aussi par conséquent. (…) »

    « Parmi les dix mille êtres de la Terre, pas un ne ressemble à l’autre, et chacun interprétera ce qu’il voit en fonction de l’angle de vue qu’il aura adopté. Lorsque nous restons ancrés dans nos habitudes sans déplacer notre angle de vue, nous tirons des conclusions qui souvent n’ont pas lieu d’être. Il s’agit là du premier obstacle à la connaissance exacte de nous-mêmes. Les anecdotes de Tchouang-tseu nous le disent : chacun en ce monde suit sa propre nature et il serait erroné de vouloir, par pure conviction, imposer ses schémas de pensée à autrui.

    Qui ne se connaît pas soi-même ne saurait connaître les autres. »

    Seul celui qui se connait vraiment peut prétendre accéder au bonheur.

    Tchouang-tseu estime qu’un cœur détaché et en paix nous permettra de conserver une attitude distante et naturelle à l’égard des événements. Notre cœur demeurera ainsi sain et égal dans la durée.

     

    J’ai conscience que ce livre est forcément réducteur de la pensée de Tchouang-tseu. Néanmoins, il permet à nos esprits occidentaux d’approcher un minimum le Taoïsme ; même si nous ne faisons que le frôler de loin. Et surtout il nous offre une piste pour vivre mieux dans ce monde en adéquation avec nous-mêmes.  

     

    fudukakojodin

    (illustration estampe de Fukuda Kodojin)

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