• Les animaux face à la mort

     

     

     L’espèce humaine est-elle la seule à avoir une notion de la mort ? Il semble que non.  Il est aujourd’hui prouvé que les animaux possèdent eux aussi cette notion, certains d’ailleurs, réagissent de façon spectaculaire lorsqu’ils sont confrontés à la mort, voire observent une certaine ritualisation à ce moment. Citons pour exemple le cas de l’éléphant

     

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=C5RiHTSXK2A

     

     

    Certains témoins ont assisté à la façon dont les éléphants prenaient soin du corps défunt de l’un d’eux. Ils recouvrent de branchages et de terre le cadavre et le veille parfois pendant toute une nuit, puis ils repartent emportant soit une défense, soit un os de celui qui les a quittés. La société des éléphants est matriarcale et les liens entre les membres du groupe sont très étroits. Un décès dans la famille a donc, logiquement, un véritable impact sur le groupe tout comme chez les humains. On suspecte même qu’ils pourraient visiter les ossements de leur proche chaque fois qu’ils reviennent sur le lieu de la disparition.

     

    Les grands singes paraissent ressentir de la tristesse face à la perte de l’un d’eux. Chez les mères confrontées à la disparition d’un de leurs petits, la réaction est sans équivoque. Elles continuent de prendre soin du corps de leur enfant, on pourrait presque dire que c’est un temps de deuil. Elle se raccroche à lui, n’arrive pas à s’en séparer.

    De multiples observations ont été faites sur le ressenti face à la mort chez les singes. Particulièrement dans un zoo écossais, quelques jours avant le décès d’une femelle chimpanzé très âgée. Le groupe s’est rapproché d’elle, l’a toilettée, veillée, entourée jusqu’à son décès. Lorsque la femelle est morte, le groupe s’est éloigné et la fille aînée de la femelle est venue la veiller toute la nuit. Puis dans les semaines qui ont suivi, le comportement du groupe était différent. Ils se nourrissaient moins, étaient un peu apathique.

     

    Un comportement similaire  a pu être observé chez des girafes par des zoologistes. http://www.bbc.co.uk/nature/19317067

     

    En 2010, au Kenya, une girafe femelle a été vu passer quatre jours à côté du corps de son girafon nouveau-né accompagnée par dix-sept autres femelles.

     

    En 2011, une girafe femelle en Zambie a été vu passer deux heures à côté d’un girafon qui était apparemment un mort-né. Elle écarta ses jambes pour se baisser- une chose que les girafes ne font que pour boire ou manger,  et a léché le veau pendant plusieurs heures.

    Toujours en 2011, un troupeau de girafes en Namibie avec le cadavre d’une jeune girafe femelle qui était morte trois semaines auparavant. Certaine girafes mâles restaient à renifler longuement le sol.

     

    Les corbeaux, si peu appréciés des hommes, accusés d’être les symboles de l'enfer, de la mort et de la sorcellerie, réagissent aussi face à la mort de l’un d’entre eux. Lorsqu’un corbeau meurt, il attire deux puis trois autres congénères qui volent en piqué et crient autour du défunt, attirant de cette façon des centaines d'autres corbeaux qui se posent autour dans un silence presque religieux. Certains déposent des branchages ou des brins d'herbe autour de la dépouille puis s'envolent. Ils semblent pleurer leur congénère.

    Les Geais  occidentaux tiennent ce que nous appellerions des funérailles quand ils rencontrent un membre mort de leur espèce. Ils se rassemblent autour de lui, cessent de se nourrir pendant plusieurs jours et s’expriment de façon cacophoniques (pour nous).

    Pour ce qui est des animaux domestiques, les exemples ne sont pas rares de l’animal cherchant pendant des jours son compagnon à quatre pattes en refusant de manger. Ou celui qui suit le corps de son maître au cimetière et revient le visiter.

    Si on peut penser que les animaux n’ont pas conscience de leur propre mortalité, on peut aussi au vu des différentes observations, se poser la question de la conscience qu’ils ont du départ définitif de l’un d’eux. La structure des groupes s’en ressent, chez les espèces plus évolués un sentiment de manque de l’autre apparait. Bien sûr les philosophes clament que l’animal n’a aucune conscience de la mort. Comment ne pas  remettre cette affirmation au regard de certains comportements. Certes l’animal ne parle pas, n’exprime pas sa peur ou sa peine comme un humain ce qui ne veut pas dire qu’il ne ressente rien.

    Et cette réflexion induit en moi une autre question : peut-il y avoir un instinct de survie sans conscience d'une fin de vie, d'une mort ?

    « C'est une fille : cette phrase peut être un arrêt de mortGilbert Sinoué - La Dame à la lampe, Une vie de Florence Nightingale »

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  • Commentaires

    1
    Césarion
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 08:30
    émouvant !
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