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Le batteur de faux de Francis YARD
Le matin frais et pur scintille de rosée.
Le faucheur s'est assis, une bouteille en main,
Sous l'aubépine creuse au bord du vieux chemin ;
Sa faux, humide encor, est près de lui posée
Il vide un dernier verre. Et, dans ses poings velus,
Prend l'enclume d'acier qu'il dresse et qu'il regarde ;
Deux spirales de fer lui font comme une garde
Pour la maintenir droite au versant du talus.
De sa manche il l'essuie et la tâte du pouce,
Puis l'enfonce dans terre entre ses deux genoux,
Et sur le bel outil, poli, brillant et doux,
Il ajuste la faux dont le tranchant s'émousse.
Le petit coup rythmique et sec du marteau dur,
D'un bout à l'autre de l'outil couleur d'aurore
Tape et refait le fil de la lame sonore
Qui passe à coups d'éclairs et rase le blé mur.
Quand le marteau se tait, la bouteille pansue,
Dont le flanc rebondi parmi l'herbe est couché,
S'incline et fait glou glou du goulot débouché ;
Le vieux faucheur a soif ; il boit, s'essuie et sue.
Francis YARD
« Je ne voudrais pas crever - Boris VianFariba Hachtroudi – J’ai épousé Johnny à Notre-Dame-de-Sion »
Tags : faux, doux, yard, francis, marteau
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Commentaires
un trés beau poéme
que tu nous fait découvrir
c'était dur de faucher en été surtout avec la chaleur
bonne journée pour toi
bises
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Aujourd'hui, la fauche est moins difficile, mais le glou glou doit toujours être nécessaire !
C'est sûr et le geste auguste est moins beau avec le rotofil. Même le bruit de l'herbe qui se coupe sous la lame disparait dans le vacarme du moteur à 2 temps. Mais le glouglou lui, reste immuable :D
Bonne journée Sev.