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La Joie miraculée de Henry Tournier
Au creux de la forêt tout enserrée de nuit
J’ai arrêté mon pas à l’abord du mystère
A travers la branchure j’entrevois des morceaux
D’un vaste champ semé d’étoiles
Le feu tremblant qui les anime
Est attisé par l’ombre
L’ombre qui monte de la terre,
L’aube ne renaîtra qu’après que les étoiles
Auront bu patiemment cet océan de nuit ;
Tout est calme et silence profondeur majesté.
J’ai suspendu mon souffle pour écouter un bruit
Battement de mon coeur accroché à mon flanc.
Le battement devient chamade ;
La vie s’est dressée contre l’ombre.
« Pourquoi trembler poltron qu’aurais-tu donc à craindre ?
Laisse en toi réfugiée cette paix qui t’étreint
Et calme mon tourment ! »...
Le coeur a cessé son tumulte
L’âme s’est élevée au niveau d’harmonie
Où elle sait s’accorder avec les éléments
Venus d’autres espaces,
L’homme est peuplé de rêves le rêve peuple la terre…
La terre et l’homme ne sont plus
Ni l’espace ni le ciel constellé
Ni l’instant ni la forêt de nuit.
La création est retournée
Dans le sein de son Créateur,
Rien n’est plus.
L’âme désenchaînée radieuse et sublime
Vogue dans la lumière ondée de mélodie,
J’ai reconnu la Joie, la Joie miraculée,
La Joie qui emplissait l’Eden
Au temps perdu d’avant les temps.
Henry Tournier (extrait de Glane de blés d’or)
Poème ayant valu à Henry Tournier la Palme d’Argent de l’Académie de Poésie.
Tags : henry Tournier, joie, miraculée
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Commentaires
1RenalSamedi 24 Février 2018 à 22:21Magnifique Pestoune, merci.Répondre
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