• La Jeune Fille de neige de A. H. BENOTMAN

     

    Il était une fois dans une cour de prison des hommes prisonniers qui firent une Jeune Fille de neige le jour de noël.

    Mais pour ne pas qu’on la remarque, ils la vêtirent comme un jeune garçon.

    Chacun donnant un vêtement.

    Toute la promenade fut nécessaire pour la façonner.

    Quand ils remontèrent dans leurs cellules ?

    Ils se mirent tous à la fenêtre pour regarder son reflet danser sur le miroir de la Lune.

    A ce moment, le gardien du mirador qui avait peur des évasions, ouvrant le feu tira sur la Jeune Fille de neige.

    La Jeune Fille de neige, par ses plaies, saignait une eau pure tandis que derrière les barreaux tous les garçons enfermés pleuraient des glaçons.

    Depuis, tous les ans… A Noël, les prisonniers dans la cour de promenade derrière les hauts murs font une Jeune Femme de vents. Chacun la sculpte avec la chaude buée de l’hiver qui sort de leurs bouches et l’échafaudent avec des stalactites et des stalagmites si transparentes que le gardien dans le mirador ne les voit pas.

     

    Voilà pourquoi, par grand froid, tous les hommes soufflent dans le creux de leurs mains, chacun fabriquant un nez ou une oreille, un pied ou un menton jusqu’à créer une jeune fille clandestine  et résistante et… Pour fabriquer du rêve contre la solitude.

     

    D’ailleurs pour écrire cette histoire, le conteur a soufflé de l’air tiède sur une vitre et avec le doigt a calligraphié les mots un à un… Regarde à travers ? Tu vois ? Tiens, le gardien du mirador croit que tu le surveilles…

    - Au fait qui es-tu ?

    - Parfois une petite fille d’amour faite de pensées et parfois un petit gars     d’amour fait de pensées… comme les fleurs. Et toi ?

    - Un évadé des déserts sans fêtes… chut…

     

                                                          A. H. BENOTMAN (L'oeil à la clef) 

     

    La Jeune Fille de neige de A. H. BENOTMAN

     

    http://www.moinillon.net/post/2008/12/20/bonnefemme-de-neige

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  • Commentaires

    1
    smara
    Samedi 27 Avril 2019 à 09:50

    Un texte vraiment touchant .. comme  un conte d'enfant ... on n'enferme pas les idées , ni l'espoir . 

      • Samedi 27 Avril 2019 à 13:13

        C'est une partie du vécu personnel d'Abdel Hafed Benotman. Il y a plusieurs de ses oeuvres sur le blog. En tapant son nom dans la zone de recherche à gauche, tu peux les retrouver. 

        Voici un raccourci succinct de l'existence de l'homme tel qu'il est publié en 4ème de couverture de son recueil 

        « A. H. Benotman est né à Paris en 1960. Très jeune il connait l’enfermement et commence pour lui un parcours de révolte et de prison. Il écrit du théâtre et des romans noirs avant de militer en co-fondant L’envolée, un journal de lutte anti-carcéral. Aujourd’hui « sans-papiers » il continue d’écrire… et par la poésie de s’armer sur tous les terrains de combats contre l’enfermement intérieur et extérieur.»

        Il a quitté ce monde en 2015 à 54 ans à peine

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