• Chats et écrivains

     

    Si le chien est le meilleur ami de l’homme, le chat est bien souvent celui de l’écrivain. Source d’inspiration pour nombreux d’entre eux, c’est son aura de mystère, son indépendance, son calme, son élégance, sa beauté qui les séduisent et en font le compagnon idéal des poètes et écrivains. De Homère, Byron, Virginia Woolf, François Nourrissier, Roger Grenier, Michel Houellebecq, Céline, Hemingway, Mark Twain, Baudelaire, Lovecraft… D’ailleurs celui-ci disait : « le chat est fait pour celui qui réalise quelque chose, non par devoir, mais pour le plaisir, le charme, la splendeur.»  ils étaient tous fascinés par le chat, admiratifs de sa beauté, son élégance et son mystère.

     

     

     

     

     

    L’un des premiers chats connus de la littérature nous vient de Charles Perrault (1768-1848). Un chat intelligent, doué de paroles, rusé, filou sur les bords mais fidèle à son maître le meunier : le Chat Botté. On reconnait bien en lui quelques traits de nos félins.

     

     

    THEOPHILE GAUTIER (1811-1872) fut lui aussi un grand adorateur des chats. Dans "La ménagerie intime", parue en 1869, il raconte avec humour et tendresse les mésaventures de différents chats.

    Extrait de "La ménagerie intime" :

    "C'est une bête philosophique, tenant à ses habitudes, amie de l'ordre et de la propreté. (...) Séraphita restait de longues heures immobile sur un coussin, ne dormant pas, suivant des yeux avec une extrême intensité d'attention, des spectacles invisibles pour les simples mortels."

     

     

     

    PAUL LEAUTAUD (1872-1956) était un misanthrope mais s'apitoyait sur le sort des animaux. Sa maison de Fontenay-aux-Roses était un refuge pour animaux abandonnés : "J'ai dû avoir au moins 300 chats et 150 chiens. Pas tous à la fois. Mais ma moyenne, c'était une trentaine de chats et une douzaine de chiens."

     

     

     

     

     

     

    Qui mieux que COLETTE (1873-1954) a su parler, écrire sur les chats ? Auprès d'elle ont défilé de nombreux félins qui lui ont inspiré de nombreux textes. Son besoin d’être entourée d’animaux était devenu chez elle vital. Mais parmi toutes les bêtes qu’elle avait autour d’elle, sa préférence allait très nettement aux chats et son œuvre s’en ressent.

     

     

     

     

     

    "Blues pour un chat noir" est un recueil de cinq nouvelles écrites par BORIS VIAN (1920-1959) qu’il a composé au lendemain de la seconde guerre mondiale dans une ambiance de jazz et un vent de liberté. L'une d'entre elles raconte les mésaventures d'un chat noir hâbleur, dragueur, ergoteur, roi de l'argot, sorte d'aristochat lubrique et vantard, qui joue les grands seigneurs et finit misérablement.

     

     

    http://www.youtube.com/watch?v=t7dwt8jUVZM

     

     

    la déesse Bastet

     

     

    Si le chat a inspiré nombreux auteurs, il a aussi inspiré peintres et musiciens. Il a commencé à être  lié à la musique dans l’Egypte ancienne avec la Déesse Bastet, déesse de la musique. Mozart, Chopin, Offenbach, Rossini, Tchaïkovski, Fauré, Satie, Ravel, Pierné, Milhaud ont été tous inspiré par les chats. Tout le monde a déjà entendu le fameux duo des chats de Rossini. 

     

     

     

    https://www.youtube.com/watch?v=0Xfygc2xTlE

     

     

     

     Le petit chat noir

     

    J'ai peu vécu de la vie terrestre, où j'étais noir. Noir entièrement, sans tache blanche au poitrail, ni étoile blanche au front. Je n'avais même pas ces trois ou quatre poils blancs, qui poussent aux chats noirs dans le creux de la gorge, sous le menton. Robe rase, mate, drue, queue maigre et capricieuse, l'oeil oblique et couleur de verjus, un vrai chat noir.

     

    Mon plus lointain souvenir remonte à une demeure où je rencontrai, venant à moi du fond d'une salle longue et sombre, un petit Chat blanc; quelque chose d'inexplicable me poussa au-devant de lui, et nous nous arrêtâmes nez à nez. Il fit un saut en arrière, et je fis un saut en arrière en même temps. Si je n'avais pas sauté ce jour-là, peut-être vivrais-je encore dans le monde des couleurs, des sons et des formes tangibles.

     

    Mais je sautais, et le Chat blanc crut que j'étais son ombre noire. En vain j'entrepris, par la suite, de le convaincre que je possédais une ombre bien à moi. Il voulait que je ne fusse que son ombre, et que j'imitasse sans récompense tous ses gestes. S'il dansait je devais danser, et boire s'il buvait, manger s'il mangeait, chasser son propre gibier. Mais je buvais l'ombre de l'eau, et je mangeais l'ombre de la viande, et je me morfondais à l'affût sous l'ombre de l'oiseau...

     

    Le Chat blanc n'aimait pas mes yeux verts, qui refusaient d'être l'ombre de ses yeux bleus. Il les maudissait, en les visant de la griffe. Alors je les fermais, et je m'habituais à ne regarder que l'ombre qui régnait derrière mes paupières.

     

    Mais c'était là une pauvre vie pour un petit Chat noir. Par les nuits de lune je m'échappais et je dansais faiblement devant le mur blanc, pour me repaître de la vue d'une ombre mienne, mince et cornue, à chaque lune plus mince, et encore plus mince, qui semblait fondre..

     

    C'est ainsi que j'échappai au petit Chat blanc. Mais mon évasion est une image confuse. Grimpai-je le long du rayon de lune ? Me cloîtrai-je à jamais derrière mes paupières verrouillées ? Fus-je appelé par l'un des chats magiques qui émergent du fond des miroirs ? Je ne sais. Mais désormais le Chat blanc croit qu'il a perdu son ombre, la cherche, et longuement l'appelle; Mort, je ne goûte pourtant pas le repos, car je doute. Peu à peu s'éloigne de moi la certitude que je fus un vrai chat, et non pas l'ombre, la moitié nocturne, le noir envers du chat blanc.

     

    Colette

     

     

     

     

     

    Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;

    Retiens les griffes de ta patte,

    Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,

    Mêlés de métal et d'agate.

     

    Lorsque mes doigts caressent à loisir

    Ta tête et ton dos élastique,

    Et que ma main s'enivre du plaisir

    De palper ton corps électrique,

     

    Je vois ma femme en esprit. Son regard,

    Comme le tien, aimable bête

    Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

     

    Et des pieds jusques à la tête,

    Un air subtil, un dangereux parfum,

    Nagent autour de son corps brun.

     

    Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

     

     

     

     Un petit peu d’humour avec : Histoires de chats

    http://www.dailymotion.com/video/x9kme7_histoires-de-chats_shortfilms

     

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  • Commentaires

    1
    Léa
    Dimanche 29 Décembre 2013 à 23:38
    Le chat est l'ami de tous les créateurs… :D En tout cas, c'est un article très intéressant (j'écouterai la chanson de Boris Vian, dès que je pourrai…). Bonne fin d'année (peut-être en compagnie de chats…(?) ^^).
      • Pestoune Profil de Pestoune
        Dimanche 29 Décembre 2013 à 23:42
        Merci Léa. Effectivement en compagnie de chats (4). Bonne fin d'année à vous aussi.
    2
    Léa
    Dimanche 29 Décembre 2013 à 23:59
    Ça ne m'étonne pas, il faut les aimer pour faire un article comme celui-là. ;)
      • Pestoune Profil de Pestoune
        Lundi 30 Décembre 2013 à 06:09
        Merci Léa, c'est très gentil de ta part. Nous faisons parti de ces gens qui vivent chez leur chat et non pas l'inverse :D
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    3
    Vendredi 21 Mai 2021 à 16:21

    Merci pour le lien sur mon blog qui m'a amenée ici !

    J'ai adoré bien évidemment !

    Bizzz

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