• Akhenaton – Nid de guêpes

     

    A écouter et à entendre sans modération. Elles sont combien à subir la même chose, des milliers, des millions à travers le monde. La femme objet sexuel, trop d’hommes n’ont que cette vision de la femme. Combien sont-elles à mourir au quotidien ces femmes objet de plaisir contre leur gré. 

     

    Une jeune prostituée originaire des pays de l'Est a été retrouvée morte ce matin sous un abribus dans le centre-ville de Nice, fait marquant les policiers ont découvert sur le corps de la victime son journal intime, cet élément devrait permettre d'éclaircir les circonstances de son assassinat.

     

    [AKHENATON]

    Ma soeur était belle

    Depuis toute jeune entre ses lèvres des perles

    Une chevelure ébène où les regards s'perdent

    Les sourires d'ma mère évaporés

    Depuis c'jour où sur le ch'min de l'école

    trois types l'ont enlevée brusquement de c'monde

    Et dans mes mains c'journal immonde

    A quoi bon rêver, j'peux plus dormir

    Dire qu'elle ne verra plus le soleil s'lever

    Tout l'monde s'désintéresse de c'qu'elle était

    Faut croire que la tristesse des riches est plus émouvante que la nôtre

    Maman s'demande bien d'où vient la faute

    D'une voix fluette récite les prières

    Mais la croix d'vant ses yeux, elle figée reste muette

    Et moi j'parcours les pages du livre songeant à papa

    Son diplôme d'ingénieur et qui pose du carrelage pour survivre

    Vie ordinaire dans une ville roumaine

    J'veux pas d'pitié

    Ceux qui meurent à la fin c'est toujours les mêmes

    Ils l'ont emmenée un soir d'avril

    Et moi j'l'ai vue rentrer c'matin les yeux clos au pays

    Nid d'guêpes

     

    Sur les trottoirs modernes à l'Ouest

    Dans les rues d'Milan, en vitrine à Amsterdam

    Nid d'guêpes

    Dans un bordel sordide au Kosovo dans les bras d'un soldat d'la NATO

    Nid d'guêpes

    Dans les montagnes d'Albanie et d'Calabre

    Là où la loi d'l'Etat en place n'est pas valable

    Nid d'guêpes

     

    Leur voiture fonçait dans la banlieue d'Bucarest

    Elle dans l'coffre, un arrêt rapide dans une usine glauque

    Transférée dans l'compartiment réfrigéré d'un 16 tonnes

    Ils l'ont forcée à boire 2 litres d'huile d'olive pour tenir le choc

    Première amputation par moins 30, celle de l'esprit

    Et voir les autres filles doucement quitter cette vie, une à une

    Voyager deux jours avec le corps d'Ilona sur les jambes

    Elle était morte, et la salive gelée au coin des lèvres

    A l'école de danse elle était bonne élève

    Eux l'ont jetée dans une poubelle quand ils les ont fait descendre

    Elle est restée dans c'camps à s'faire souiller jusqu'au mois d'décembre

    Elles étaient cent, traitées comme du bétail

    Machine à briser les rêves

    Marquées au fer à l'effigie du clan

    Priant, criant, anciens militaires pouilleux et soûls comme clients

    Terrorisée par des représailles

    Rendue docile par les m'naces et un orteil arraché à la t'naille

     

    Sur les trottoirs modernes à l'Ouest

    Dans les rues d'Milan, en vitrine à Amsterdam

    Nid d'guêpes

    Dans un bordel sordide au Kosovo dans les bras d'un soldat d'la NATO

    Nid d'guêpes

    Dans les montagnes d'Albanie et d'Calabre

    Là où la loi d'l'Etat en place n'est pas valable

    Nid d'guêpes

     

    L'ouest et ses vitrines cossues

    Ses gens pervers et clients qui croient tout s'permettre

    De la terre maîtres, qu'ils aillent en Enfer s'faire mettre

    Ma soeur n'a pas eu sa chance

    C'était une môme enviant parfois le sort d'nos frères qui font l'aumône

    Rome puis Bruxelles, puis G'nève et puis Bonn

    Enfin Paris et la Riviera, Nice prêt d'la place Massena

    Sac, jupe courte et blouson d'cuir d'bout sous un dracena

    A cacher la tune gagnée dans une cabine d'téléphone

    Yeux tristes dans l'étreinte de gens sans amour

    De gens sans avenir, de gens sans atours

    Gens qui la serrent mais à ses cries demeurent sourds

    Canon sur la tempe, hommes de l'ombre cruel

    Hommes impitoyables qui obéissent à la loi séculaire du canon

    La police française m'a donnée son journal

    Et chaque ligne que j'suis mes yeux m'en disent plus même si j'me fais du mal

    Claudia Iliescu, ma soeur 20 ans à peine

    Décédée d'un excès d'rêve sous un abri bus

     

    Sur les trottoirs modernes à l'Ouest

    Dans les rues d'Milan, en vitrine à Amsterdam

    Nid d'guêpes

    Dans un bordel sordide au Kosovo dans les bras d'un soldat d'la NATO

    Nid d'guêpes

    Dans les montagnes d'Albanie et d'Calabre

    Là où la loi d'l'Etat en place n'est pas valable

    Nid d'guêpes

     

    https://www.youtube.com/watch?v=9YYKwACG1e8

     

    Akhenaton – Nid de guêpes

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  • Commentaires

    1
    Samedi 4 Juin 2016 à 20:45

    Tellement banal et révoltant.. La loi des hommes qui n'en sont pas... C'est un combat perdu d'avance...Mais il faut le mener pour toutes les femmes qui ont été et seront piégées!....

      • Samedi 4 Juin 2016 à 20:58

        J'aime bien ta formule : des hommes qui n'en sont pas... ils sont nombreux ces sous-hommes. Ces hommes qui n'ont rien de viril puisqu'ils ont besoin de la violence pour obtenir ce qu'ils veulent.

         

    2
    Dimanche 5 Juin 2016 à 15:38

    Bonjour Pestoune,

    Ce poème touchant et si triste m'a bouleversée ! C'est très triste ce qui est arrivé à cette très jeune femme et je plains toutes celles qui subissent toutes sortes de violences inacceptables ! Il y a des lois pour punir ce genre de comportement révoltant ! Que font les pouvoirs publics ?!

    Bonne fin d'après midi, Pestoune.
    Bisous.

    3
    Dimanche 5 Juin 2016 à 15:41

    Hélas les pouvoirs publics n'ont aucune façon d'agir contre la traite des femmes et celles-ci même si elles arrivent à s'échapper, ne se font pas connaître : seule dans un pays étranger, sans papiers, sans parler la langue.  Et partout dans le monde les femmes sont avilies en toute impunité par des hommes qui se croient tout permis et supérieur.

    Bonne fin d'après midi Ely

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