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Un roman bouleversant à conseiller à tous ceux qui veulent vraiment savoir ce qu’on vécut les algériens pendant la guerre d’Algérie et après. Que de souffrances, de rejets, d’abnégations, de combats pour garder sa dignité.
Nous allons suivre une famille kabyle jusqu’à nos jours. Une véritable saga familiale.
Le roman débute dans les années 30. Ali le patriarche est un harki qui a combattu pour la France lors de la 1ère guerre mondiale. Pour sortir sa famille de la misère, il se lance dans la culture des olives afin d’en produire de l’huile. Tout se passe au mieux, il devient un personnage respecté, écouté. Lorsque la guerre est déclarée entre la France et les indépendantistes, il se trouve tiraillé entre les deux bords. Entre le FLN qui déclare les harkis comme étant des traitres et l’armée française qui commet de terribles représailles au sein de la population, la violence est omni présente. Il essaye de protéger les habitants de son village, en croyant que son statut d’ancien combattant aura une quelconque importance. Et cela le fera voir comme étant un traitre. Lorsque les indépendantistes gagnent, il lui faudra fuir, tout abandonné pour se retrouver parqué avec sa famille dans le camp de Rivesaltes. Aucune reconnaissance de la France, aucun élan de sympathie pour ces malheureux déracinés.
Le fils ainé de Ali se fera une place difficilement au sein de la société en reniant d’une certaine façon ses racines. Il décide d’oublier, il refuse de raconter. Ce qu’il a vécu, les atrocités qu’il a vu enfant, tout est profondément enfouis. Il fera sa vie, se mariera, aura des enfants en occultant son passé. Pour lui ne compte que l’intégration. Un jour sa fille Naïma dans le cadre de son travail sera amenée à retourner en Algérie. Elle commence à s’intéresser au vécu de sa famille. Et c’est elle qui sera la narratrice de cette histoire.
Un roman magnifique, fort, essentiel. Un livre qui a reçu le grand prix des lycéens et ce n’est pas anodin. Cela souligne l’importance de savoir une vérité tue ou déformée. Il est important de reconnaitre que la France n’a pas su être reconnaissante, qu’elle n’a pas été accueillante et qu’elle a trahi sa devise.
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Deux manchots font une découverte qui va changer la vie sur la banquise. Mais la découverte n’a rien d’anodine.
Une nouvelle animation de l’ESMA de la promotion 2017
Réalisateurs: Alicia Journet, Maïlly Boulin, Soizic Lefeuvre, Clément Malargé, Guillaume Escots, Eddy Martinez
Musique : Clovis Schneider
Son : José Vicente et Yoann Poncet – Studio des aviateurs
https://www.youtube.com/watch?v=1Lhdh5CsPLo
3 commentaires -
Speak white
il est si beau de vous entendre
parler de Paradise Lost
ou du profil gracieux et anonyme qui tremble
dans les sonnets de Shakespeare
nous sommes un peuple inculte et bègue
mais ne sommes pas sourds au génie d’une langue
parlez avec l’accent de Milton et Byron et Shelley et Keats
speak white
et pardonnez-nous de n’avoir pour réponse
que les chants rauques de nos ancêtres
et le chagrin de Nelligan
speak white
parlez de choses et d’autres
parlez-nous de la Grande Charte
ou du monument à Lincoln
du charme gris de la Tamise
De l’eau rose de la Potomac
parlez-nous de vos traditions
nous sommes un peuple peu brillant
mais fort capable d’apprécier
toute l’importance des crumpets
ou du Boston Tea Party
mais quand vous really speak white
quand vous get down to brass tacks
pour parler du gracious living
et parler du standard de vie
et de la Grande Société
un peu plus fort alors speak white
haussez vos voix de contremaîtres
nous sommes un peu durs d’oreille
nous vivons trop près des machines
et n’entendons que notre souffle au-dessus des outils
speak white and loud
qu’on vous entende
de Saint-Henri à Saint-Domingue
oui quelle admirable langue
pour embaucher
donner des ordres
fixer l’heure de la mort à l’ouvrage
et de la pause qui rafraîchit
et ravigote le dollar
speak white
tell us that God is a great big shot
and that we’re paid to trust him
speak white
parlez-nous production profits et pourcentages
speak white
c’est une langue riche
pour acheter
mais pour se vendre
mais pour se vendre à perte d’âme
mais pour se vendre
ah! speak white
big deal
mais pour vous dire
l’éternité d’un jour de grève
pour raconter
l’histoire de peuple-concierge
mais pour rentrer chez-nous le soir
à l’heure où le soleil s’en vient crever au dessus des ruelles
mais pour vous dire oui que le soleil se couche oui
chaque jour de nos vies à l’est de vos empires
rien ne vaut une langue à jurons
notre parlure pas très propre
tachée de cambouis et d’huile
speak white
soyez à l’aise dans vos mots
nous sommes un peuple rancunier
mais ne reprochons à personne
d’avoir le monopole
de la correction de langage
dans la langue douce de Shakespeare
avec l’accent de Longfellow
parlez un français pur et atrocement blanc
comme au Vietnam au Congo
parlez un allemand impeccable
une étoile jaune entre les dents
parlez russe parlez rappel à l’ordre parlez répression
speak white
c’est une langue universelle
nous sommes nés pour la comprendre
avec ses mots lacrymogènes
avec ses mots matraques
speak white
tell us again about Freedom and Democracy
nous savons que liberté est un mot noir
comme la misère est nègre
et comme le sang se mêle à la poussière des rues d’Alger ou de Little Rock
speak white
de Westminster à Washington relayez-vous
speak white comme à Wall Street
white comme à Watts
be civilized
et comprenez notre parler de circonstance
quand vous nous demandez poliment
how do you do
et nous entendez vous répondre
we’re doing all right
we’re doing fine
We are not alone
nous savons
que nous ne sommes pas seuls.
Speak white (en français : « Parlez blanc ») est une injure proférée aux Canadiens français par les Canadiens anglais lorsqu'ils parlaient français en public. Cette expression péjorative est rarement utilisée de nos jours. L'invective a également inspiré un poème écrit par Michèle Lalonde en 1968 et un film réalisé par Pierre Falardeau et Julien Poulin en 1980.
On y entend Marie Eykel déclamer le poème. Ce film dénonce par des photos chocs l'impérialisme économique et culturel ainsi que le colonialisme des classes dominantes.
Une seconde version métal déclamer par l’écrivain et cinéaste Pierre Falardeau
https://www.youtube.com/watch?v=lNg5UP3alus
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