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    le Président Forêt domaniale de Quers

    Auprès de Grand-arbre
     
    Grand-arbre était si grand… Je me demandais si un jour je serais aussi grand que lui…
    Les nuits de pleine lune, Grand-arbre scintillait sous le ciel noir. Par la fenêtre, je regardais ses branches se balancer avec grâce. Son ombre dansante sur les murs de ma chambre m’aidait à m’endormir. Je lui disais :
    -  Bonne nuit, Grand-arbre !
    Et il s’ébrouait comme un ours hors de l’eau pour me répondre.
    Les matins de printemps, quand il faisait beau, je m’allongeais sur l’herbe à son pied. Les rayons du soleil se frayaient un chemin à travers le feuillage, et ils dessinaient sur mon ventre une dentelle de lumière. Un couple d’écureuils venait souvent s’amuser dans Grand-arbre. Ils passaient leur temps à se courir après le long de ses branches interminables. Lorsqu’ils détalaient à toute vitesse sur l’herbe, même le chat de la voisine ne parvenait à les rattraper.
      - Bien fait pour toi ! lui criais-je. Tu n’as qu’à les laisser jouer !
    Grand-arbre donnait en été des fruits sauvages. L’automne venu, ils éclataient en tombant lourdement sur l’herbe : « Plonc ! » Alors ses feuilles se mettaient à roussir si fort qu’on aurait dit que le feu était passé par là. Durant cette saison, les écureuils s’en donnaient à cœur joie car ils devenaient parfaitement invisibles. Et Grand-arbre riait car les écureuils lui chatouillaient le ventre et les bras.
    L’hiver, Grand-arbre se dressait, nu, jetant ses mille branches dans les nuages gris, comme s’il portait le ciel. Certains jours, une tourterelle venait s’y poser.
    -  Bonjour, Tourterelle ! lui disais-je. Comme tu es belle !
    Alors elle rougissait. Du moins ça me plaisait de le croire… Quand le chat la laissait tranquille, elle plantait son bec dans un fruit encore accroché à une branche pour en picorer les pépins.
    Un soir d’hiver, en rentrant de l’école, je découvris que Grand-arbre avait disparu. On avait arraché mon meilleur ami ! Depuis ma fenêtre, je ne voyais plus que des tours, des usines, des routes, des ponts. À la place de Grand-arbre, il ne restait qu’un rond de terre noire dans la pelouse verte. Une horrible cicatrice !
    Moi, je pensais que Grand-arbre m’appartenait parce qu’il vivait sous ma fenêtre.
    - Tu te trompes, m’a-t-on expliqué. Grand-arbre, comme beaucoup d’autres arbres, appartient à la ville. Là-bas, il y a des hommes et des femmes qui décident de leur sort.
    Alors, le mien devait disparaître ? Je ne comprenais pas pourquoi.
    Mon amie la tourterelle vint me voir par un froid matin.
    La pauvrette tournoyait au-dessus du rond de terre noire en battant des ailes. Son perchoir préféré s’était envolé et elle me lançait des regards étonnés… Elle finit par se poser sur l’herbe et s’intéressa à un vieux fruit qui pourrissait là – Grand-arbre lui avait laissé un souvenir. Ce n’était plus qu’une peau brune renfermant quelques pépins. Elle planta son bec et s’apprêtait à les picorer quand le chat de la voisine l’effraya et elle disparut dans le ciel blanc…
    -  Vilain, le chat ! Pourquoi fais-tu peur à tout le monde ?
    Le chat joua un moment avec cette petite boule toute ridée. Il la poussa de la patte, comme s’il s’agissait d’un ballon, et le fruit roula jusqu’au rond de terre noire. Il s’amusa à le recouvrir en grattant la terre, puis, lassé de son jeu, s’éloigna de sa démarche imperturbable, sans même se retourner.
    Un peu plus tard, ce même jour, le couple d’écureuils vint lui aussi.
    -  Bonjour les amis ! leur lançai-je alors qu’ils tournaient sur eux-mêmes comme des toupies à la recherche de leur arbre de jeu.
    Comment pouvais-je leur expliquer ce que je ne comprenais pas moi-même ? Ils semblaient si tristes. On aurait dit qu’ils attendaient le retour de Grand-arbre.
    Le temps était devenu menaçant et le chat avait dû rentrer chez lui. Un violent orage éclata durant la nuit. Le tonnerre grondait sans relâche, des éclairs zébraient le ciel et la pluie ne voulait cesser.
    Hélas, Grand-arbre n’était plus là pour me protéger. Je grelottais de frayeur au fond de mon lit…
    L’hiver se termina sans que je revoie la tourterelle et les écureuils. D’ailleurs, je ne voulais plus regarder au-dehors. Je n’ouvrais plus mes rideaux…
    Et puis le printemps pointa le bout de son nez. Mais sans Grand-arbre, ma joie n’était pas complète.
    Un matin, mon amie la tourterelle me réveilla en tapant au carreau.
    Je me précipitai à ma fenêtre, écartait les rideaux et… « Oh ! » Je n’en croyais pas mes yeux.
    -  Vite ! Descendons !
    Au centre de la pelouse, dans le rond de terre, un arbre poussait. Un vrai petit arbre qui ressemblait déjà à Grand-arbre.
    Alertés par la tourterelle qui virevoltait de bonheur, le couple d’écureuils vint aux nouvelles et nous dansâmes autour de Petit-arbre. Intrigué par cette sarabande, le chat de la voisine entra à son tour dans la ronde. C’était aussi un peu grâce à lui que Petit-arbre avait pu naître. La pluie de l’orage avait fait germer un pépin, mais c’est le chat qui avait enterré le fruit…
    Bien sûr, Petit-arbre était beaucoup plus petit que moi, mais il allait grandir, et c’était à moi de veiller sur lui.
    - Je viendrai t’arroser chaque matin, lui promis-je.
    Petit-arbre était si petit… Je me demandais si un jour il serait aussi grand que moi.
     
    Michel Deydier
    Auprès de Grand-arbre
    Paris, Gautier-Languereau, 2006

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  • 3180674803_1_4_xRwVAZ8G

     

    Nous suivons le destin de 4 enfants de Salonique : Démosthène, Basile, Périclès et la belle Diane dont les 3 garçons sont amoureux. Salonique, ville grecque mais intégrée dans l’empire ottoman. Les turques sont sans pitié, ils tuent, emprisonnent, terrorisent la population. La vie à Salonique fonctionne à coup de bakchichs et de violence. Et nos 4 héros vont voir leur vie basculer dans le cours de l’Histoire. Passion, trahison, jalousie, suspens, amour, amitié,  nous retrouvons tous ces éléments dans ce beau roman. J’ai malheureusement découvert sur le tard qu’il ne s’agissait que du 1er tome d’une trilogie. Je vais donc me mettre en quête de la suite avec hâte.

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  • gm_28474401
    Graciela Iturbide
     

    Le racisme est une idéologie unanimement condamnée et pourtant mondialement pratiquée, qui veut qu’il y ait plusieurs races humaines et que certaines seraient supérieures à d’autres. Au cours de l’Histoire du monde, ce sentiment est basé sur plusieurs théories qui aboutissent toutes à la même conclusion : le rejet puis la domination de l’autre.

    Au cours du XVIIIème – XIXème siècle, les théories raciales étaient issues de recherches d’anthropologues qui croyaient à une hiérarchisation au sein de l’espèce avec pour explication la possibilité qu’il y a eu plusieurs Adam et Eve simultanément donnant lieu à des groupes humanoïdes parallèles mais différents. C’est le siècle des mesures anthropologiques, une grande mode, telles que la couleur de la peau, la taille du crâne, l’angle facial… Et tout cela était enseigné jusqu’à très récemment dans  les écoles. Une théorie affirmait que le noir était le chaînon manquant entre le blanc et le singe. Sur ce postulat, il y a encore 100 ans à peine, on exhibait des personnes noires, des amérindiens comme des animaux de cirque en mettant même un écriteau proclamant qu’il ne fallait pas leur donner à manger. C’est le racisme biologique.

    Mais le racisme est aussi la conséquence d’une domination économique, religieuse et morale. Toutes les puissances européennes ont capté les ressources des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique en prétendant que c’est le progrès et que les autochtones n’avaient pas la capacité de gérer les richesses de leur pays. Les japonais ont eu la même démarche. C’est le racisme colonial qui a ouvert la porte à l’esclavage. Dans le dictionnaire, noir était synonyme avec esclave. Le mythe de la modernité est né.

    Toutes les recherches paléontologiques depuis plus de 2 siècles le prouvent : homme africain ou homme européen nous avons tous la même origine. Biologiquement nous savons que le génome n’a pas de couleur.

    Nous avons atteint le summum de l’horreur avec la prétendue supériorité raciale aryenne. Avec eux, les races inférieures ne se contentaient plus d’être « prétendues différentes » racialement, en plus des juifs, noirs, tsiganes, il y avait les homosexuels, les handicapés, les malades, les faibles…

    Aujourd’hui le racisme prend un nouveau visage. Basé sur l’identité culturelle, il amène à un rejet de l’autre, à la peur du mélange, à des amalgames, des préjugés. Il est aussi le résultat d’une histoire compliquée non réglée comme la guerre d’Algérie ou l’apparteid par exemple, des humiliations subies et non reconnues avec une stigmatisation de certaines communautés. C’est le racisme sociologique.

    Le racisme n’est pas une fatalité. En apprenant à comprendre ses origines, nous ferons tomber les fausses croyances. Il ne faut pas faire fi du passé, au contraire, il faut le décortiquer, le regarder en face, pointer les erreurs au cours des siècles en expliquant pourquoi ces idées sont fausses. Il faut apprendre à affronter ses peurs, à les regarder et à les comprendre. Il n’y a pas de hiérarchisation de l’être humain. Sortir du racisme est une question d’intelligence. Les enfants ne naissent pas racistes, s’ils le deviennent, c’est plus tard sous l’influence de ce qu’ils entendent. Cela devrait nous faire réfléchir.

    https://www.youtube.com/watch?v=MlueZ1-wgMA

     

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    film-loop

     

    Un court métrage d'animation qui se moque des fast-food en essayant de toucher jeunes et moins-jeunes aux problèmes de mal-bouffe liés à ces établissements.

     

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